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Parler du Covid, et de l’organisation RH en théorie c’est important, car il y a de nouveaux aspects de la réalité au travail qu’il faut prendre en compte, beaucoup de choses évoluent.

Mais écouter ce qui se passe réellement en entreprise c’est mieux ! Et surtout quand on parle de notre milieu agricole !

Alors focus sur le terrain : nous avons échangé avec Lydia Cazevieille, Responsable RH chez Armbruster depuis 2015, autour des enjeux RH et de l’organisation mise en place au sein de son négoce depuis le COVID.

Comment la crise sanitaire a-t-elle été perçue par les salariés de chez Armbruster ?

Le groupe Armbruster, comme beaucoup d’autres entreprises, coopératives du secteur n’a pas cessé l’activité durant cette période de confinement.

Nous avons dû réagir très vite pour mettre en place les dispositions nécessaires à la prévention de nos salariés.

La veille de l’annonce du confinement, nos équipes terrain ont fait face au mouvement de panique de nos clients agricultures, lié à la crainte d’une fermeture totale de nos sites (donc plus d’approvisionnement de produits d’agrofournitures).

Les deux premières semaines du confinement ont été difficiles et très particulières, car chacun a réagi différemment, selon ses valeurs, sa connaissance de cette épidémie, sa situation familiale et personnelle sur le plan médical. Nous avons des salariés qui ont fait le choix de se protéger ou plutôt de protéger leur famille, en ne venant pas au travail. D’autres voulaient être présents tout le temps, et ne comprenaient pas nos mesures de réduction et de rotation d’équipe. Et certains ont été dans l’impossibilité de venir au travail en raison de l’absence de garde pour leurs enfants.

A partir de la 3ème semaine de confinement, les salariés, et je pense la population de manière générale, semblaient plus sereins. Certains étaient même impatient de revenir travailler tous les jours (il faut dire que ce n’est pas toujours une expérience évidente de se retrouver avec son conjoint et ses enfants H24, à gérer en plus l’école à la maison + le télétravail pour certains ?).

Dans l’ensemble nous avons été relativement épargnés, car nous avons eu très peu de cas en étant dans un département à haut risque.

La phase de déconfinement a été à nouveau une épreuve difficile à traverser, car reprise de l’activité pour un grand nombre de la population, toujours avec le risque de contamination au COVID-19 et toujours sans solution de garde pour les enfants.

Le côté positif de ce déconfinement : retrouver du lien social, recréer un travail d’équipe qui a pu se perdre en phase de confinement.

Qu’avez-vous dû mettre en place au niveau de l’organisation de l’entreprise ?

Au niveau de la direction, nous avons dû avancer très vite pour prendre le maximum de mesures adéquates pour protéger nos salariés et nos clients, tout en poursuivant l’activité.

Nous avons avancé au fil des nouvelles directives, quasi quotidiennes, données par le gouvernement ou la branche. A ce titre, les organisations syndicales et juristes ont fait un superbe boulot pour nous aider à déchiffrer ces directives, nous apporter des réponses à nos nombreuses interrogations, et parfois même nous donner des solutions toutes prêtes. Je les en remercie.

Comme toutes les entreprises, durant la période de confinement nous avons mis en place :

  • Un recentrage de l’activité sur les missions « prioritaires pour la nation », et un arrêt de certaines activités annexes (nettoyage/maintenance préventive, LISA, audits…) ;
  • Du travail à distance pour ceux dont le poste le permettait ;
  • Des rotations d’équipes sur les silos, avec réduction des horaires d’ouverture aux clients + prise de RDV pour le Cribs ;
  • Arrêt de l’intervention des entreprises externes et des intérimaires.
  • Les mesures de protection : gestes barrières, arrêt des réunions physiques, interdiction de pénétrer dans nos locaux aux extérieurs et à nos salariés de pénétrer chez nos clients, visite parcellaire sans le client, mise en place d’un système de drive pour nos magasins Vignes…
  • La mise à disposition des EPI nécessaires (gel hydroalcoolique, gants, masques par la suite…).

Et après le déconfinement, nous avons repris l’activité à la normale, tout en maintenant les mesures de protection, les EPI, et la communication de nos mesures aux externes venant sur sites.

En quoi cette crise a fait évoluer les RH durant cette période ? Et pour la suite ?

Va-t-il y avoir des mesures conservées post covid ? Quel bilan peux-tu en faire ?

Cette période nous a obligé à repenser notre manière de pratiquer les RH.

Il a fallu s’adapter au travail à distance, repenser le management d’équipe éclatée, les conduites de réunion, d’entretien… Nous avons appris à utiliser la visio, qui est un bel outil que nous allons surement développer plus.

Cette période a également eu des effets néfastes :

Perte de la communication orale et explosion des mails comme seul moyen de communication (or ce n’est pas toujours l’outil le mieux adapté selon les cas).

Peut-être une perte de l’esprit d’équipe, ou du moins du travail en équipe.

Impact psychologique de cette situation stressante pour plusieurs raisons : inquiétude face à la maladie, médiatisation intense et pessimiste de cette épidémie, tensions familiales, pertes de revenu du ménage pour certains, incertitude face à l’avenir…

Tout le monde parle d’un avant COVID et après COVID.

Pour le moment il est trop tôt pour en mesurer l’impact, et en tirer des conclusions.

Mais, je pense que les gens ont eu le temps et l’occasion de prendre du temps en famille, peut-être de se poser la question du rapport vie personnelle/vie professionnelle.

D’un point de vue RH, il est important d’en tenir compte et de prendre les bonnes idées, les bonnes expériences de cette crise.

Par exemple, il pourrait être intéressant :

De privilégier la visio pour un 1er entretien de recrutement selon les postes,

De mettre en place un accord sur le télétravail,

De repenser son organisation personnelle au travail,

D’être plus à l’écoute des autres,

De recréer de la cohésion d’équipe, de développer la solidarité,

D’intégrer ou développer la fameuse QVT (qualité de vie au travail) …

Témoignage de Lydia Cazevieille Responsable RH Armbruster

Lydia Cazevieille